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22 septembre 2008 1 22 /09 /septembre /2008 09:37

Edouard Herriot a eu une fille née en 1915, Suzanne, avec une demoiselle Janin. A sa naissance elle a été déclarée sous le nom de Collon, nom de la branche maternelle d’Edouard, puis  fut reconnue par sa mère en 1916, elle prit le nom de Collon-Janin.

Suzanne, est agrégée  de l’Ecole Normal Supérieur, docteur ès lettres, elle a épousé le 19 aout 1942, le Professeur Jean Bérard, également ancien de L’ENS, agrégé et docteur ès lettres. Ils ont eu trois enfants, Michel, Pierre et Etienne. Jean Bérard et son fils Pierre sont morts en 1957 dans un accident de la route.

Suzanne est citée dans les testaments de Herriot. Dans le codicille daté du 8 novembre 1934 où il la nomme sous le nom de jeune fille, Suzanne Collon (la mère de Suzanne ne la reconnaitra qu'en 1916. "Je place sous sa (de Blanche, son épouse) protection ma fille Suzanne Collon. Je lui demande de la protéger et de l’aimer ; elle en est digne." Puis dans le dernier testament connu daté du 16 février 1948 à Brotel où  il confie ses biens à son épouse avec quelques consignes et où il la nomme sous le nom de son époux : Jean Berard, avec qui elle s'est marié en 1942. " Je laisse à ma femme, née Blanche Rebatel, tout ce que je possède comme un faible témoignage de l’affection que je lui porte et de la reconnaissance que je lui dois. Elle disposera de tous mes biens, de mes droits d’auteur, manuscrits, livres et tableaux. Cependant, je désire qu’elle remette à madame Jean Berard une partie de mes livres et manuscrits, à choisir d’un commun accord entre elles"

Si vous souhaitez préciser ou complétez cette descendance, n’hésitez pas à amenez vos commentaires

 

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17 septembre 2008 3 17 /09 /septembre /2008 17:33
Suite des articles sur l'enfance de Herriot présentés lors de l'exposition  de 1998 à Troyes. Aujourd'hui un article de J.L. Prevost de Janvier 1968


EDOUARD HERRIOT et la CHAMPAGNE

 C’est un peu par hasard qu'Edouard Herriot naquit à Troyes en 1872, place de la Bonneterie, aujourd’hui place Jean-Jaurès. Car son père était alors lieutenant au 93° d'infanterie, mais soumis à de fréquents changements de garnison. Il avait épousé l 'année précédente Eugénie Collon , elle même d ' une famille de soldats . Ainsi la naissance eut lieu chez la veuve Collon ; celle-ci était de souche champenoise , comme son beau-frère originaire de Landreville , alors curé de Saint-Pouange , ou il exerça son ministère pendant quarante-cinq ans . Les Herriot étaient d ' origine lorraine ; le père d ' Edouard tint garnison à La Roche-sur-Yon , où son fils commencera de solides études secondaires , pour les poursuivre à Paris comme boursier . Mais bornons-nous à noter ce qui est essentiel à nos yeux , plus encore aux siens : l' enfant eut pu , dans de telles circonstances , être un déraciné . Or il est devenu et resté Champenois d ' adoption et de coeur . A demi Lyonnais seulement , malgré son mariage et d ' importantes fonctions municipales . Dès le berceau, le grand-oncle , curé de Saint-Pouange exerce sur lui son influence . Il le baptise , il garde auprès de lui la grand-mère et l' enfant , à longueur d’année , semble-t-il , l'envoyant de bonne heure à l’école , et complétant son éducation par des leçons de catéchisme et d ' histoire sainte . Il apprend au garçonnet non seulement à lui servir la messe , mais à se familiariser avec le latin. Dans Jadis , livre le plus important de souvenirs, paru en 1948 , Edouard Herriot parle avec tendresse du bon prêtre, mais aussi de la Champagne , toute médiocre et « pouilleuse » qu’elle fut alors. « De fait le sol y était : crayeux , sec , farineux , ombré de grises broussailles , et on le comparait à la peau d’ un mouton galeux . La terre y fut dit-on si pauvre jadis , qu’on la vendait à la volée . Aussi loin que pouvait porter une voix poussant des « Hô» vigoureux . Quand j’ arriverai au régiment, mon voisin de chambrée me dira : Je le connais ton pays , en pleine moisson les rats y descendent du grenier parce qu’ils crèvent de faim...» Boutade de soldat ? Pour s’en rapporter cependant aux descriptions de Herriot lui-même , les maisons « rouillées par le temps » étaient de bois et de torchis , couvertes de chaume , souvent abandonnées. Il y avait alors des chènevières et des fossés à rouir le chanvre , et quantité de friches . Se rendant parfois avec son oncle dans un château voisin , le jeune Herriot l ' entendait évoquer les misères autrefois subies par le peuple, et ainsi « découvrait à chaque pas les traces des souffrances que lui avaient infligées au cours de l’ histoire l’ incendie , la peste et cet autre fléau , la guerre ».A Troyes , il était conduit dans les églises , et il en énumère les trésors longuement ; il parle aussi de Chaource et de son calvaire en termes pertinents . Qu’il nous suffise , sans tout citer , de reproduire cette remarque si juste « Peu à peu j’ai goûté le sens national de cette sculpture qui abandonne la convention romane pour la recherche d ' images empruntées à la nature ou aux personnages du pays , qui se plaît à signer son origine en posant sur un arc un cep de vigne ou une branche de ronces sauvages » . Une des grandes occasions où Edouard Herriot faisait mieux que de tendre les burettes , c’était , tandis que l’instituteur public revêtait encore le surplis de chantre , de tenir , pour « le cher vieil oncle » , le bénitier à la procession des Rogations . Il s’ enivrait de l’ odeur du printemps : « Depuis ce temps je ne puis écouter sans quelque trouble de coeur l’ hymne de notre César Franck : Dieu s ' avance à travers les champs » . Aussi bien accompagnait-il l’abbé Collon aux réunions du doyenné et absorbait-il docilement la Bible et la Patrologie de Migne , tout cela « dansant un peu dans la tête d’ un enfant de douze ans ».
Quand il eut perdit la foi , il ne renia pas pour autant cette pieuse enfance , pas plus que la région où il passa ses vacances jusqu’ à la mort de l’ oncle en 1889 . « Désormais , écrit-il encore , je visiterai plus rarement ma bonne Champagne , mais suivant le vers de Chrétien de Troyes : « Le corps s’en va. le coeur séjourne. » Absorbé par sa carrière politique , il revient une fois à Saint-Pouange en « pèlerinage » , en 1924 , étant président du Conseil ; il y revint encore en 1936 en compagnie d’ E. Daladier . C’était pour constater l’ étonnante transformation de la contrée et affirmer douze ans plus tard « La Champagne pouilleuse est morte , mais elle vit dans mon coeur » .
Quand il fut emmené par les Allemands , il passa , bien au nord de Troyes , par Vitry, et s’ émut de revoir « ses Champenois , des vieillards au visage guilloché de rides , des adolescents silencieux et narquois » .Sans doute Edouard Herriot , auteur d ' une quinzaine de volumes et de nombreux écrits politiques , n’a-t-il parlé qu'épisodiquement de la Champagne ; mais ce qu’il en dit est émouvant par sa sincérité .

    J.L. Prevost ( La vie en Champagne n° 163, Janvier 1968).

  Documents consultés :
Jadis (1948) , Épisodes (1950) d' Edouard Herriot ,
Une biographie de Louis Anteriou et Jacques Baron ,
Un article de Louis Morin ( Almanach du Petit Troyen , 1937) .

 

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15 septembre 2008 1 15 /09 /septembre /2008 11:55
Un bel article écrit pour Libération par Marcel Degois en 1972 et utilisé en 1998 pour une exposition montée par Suzanne Bérard* à Saint Pouange, village natal d'Edouard Herriot. (Photo du presbytère évoqué dans l'article)

L'  L'ENFANT DE SAINT-POUANGE

L' attachement d'Edouard Herriot au village de son enfance était très réel. Deux ou trois fois par an, il s ' arrêtait à Saint-Pouange pour rendre visite à ses vieux amis. Anatole Gautherin, garde champêtre, promu jardinier, était averti par une ligne secrète de l' arrivée du Président.  Gamin, j' eus l' occasion, pour une raison familiale, d' assister à une de ces rencontres.
C 'était un beau soir d' été, odorant et mauve. Herriot, écrasé dans un fauteuil d'osier, ressemblait à sa caricature. Il fumait sa pipe et son regard cherchait, au-delà des arbres et des fleurs, le paysage de ses jeunes années. Derrière, se tenaient gravement les anciens , qui avaient été plus ou moins ses compagnons de jeux : Gautherin, Marcel Bernet, l'apiculteur, Arthur Jeune, le chasseur, deux ou trois femmes. La conversation n' était pas très animée. « - Y aura-t-il des fruits c' t' année ? » demandait le grand homme . « -Oh ! avec les froids de la floraison , ça m' étonnerait fort», «-Enfin, la moisson sera peut-être bonne », concluait Herriot .
Vers 1935 , le Président décida d' acheter le presbytère où il avait été élevé par son oncle. La signature de l' acte, devant le notaire de Bouilly, Me Pierre Daragon, eut lieu en plein air sur la petite place; Le matin, je crois, on avait à Troyes enterré Alexandre Israël*.
Pétrifiés d' admiration, les habitants du pays virent débarquer quelques-unes des gloires politiques du moment : Daladier, Campinchi, Chautemps, peut-être Pierre Cot... Et , bien sur, le gros Edouard. Le curé, un peu foi, avait égaré la clé . On pénétra dans la maison par la fenêtre basse. Le garde champêtre, le soir même, raconta la scène. Daladier , en furetant, découvrit dans un placard une bouteille de vieux marc. Connaisseur, il la déboucha, huma le liquide, poussa un juron... et jeta au diable la bouteille qui ne contenait qu'un affreux breuvage .
Saint-Pouange ressemblait encore au village que décrit Herriot dans « Jadis ». Il faut lire ces pages, dont la souple cadence évoque Chateaubriand . « En de si nombreux séjours , je ne me suis jamais écarté de mon Saint-Pouange au-delà de quelques kilomètres. Une couronne de pins, sur une colline au dessin nerveux, vers l'ouest, m'apparaissait comme une forêt magique. Cette campagne, ou abondaient les friches, m' enchantait. Une rivière qui frissonne entre les saules, le vent qui fait vibrer sa harpe sur la plaine, la grâce brusque d' une mésange, un petit nid feutré de laine et d' herbe sèche, les roulades éperdues d' un rossignol, le lierre terrestre aux yeux bleus, un marais irisé par le soleil couchant, l' élan d' un insecte cuirassé d' or, voilà de quoi satisfaire un enfant qui , jour par jour, découvre la beauté du monde ».
Enfant de Saint-Pouange Edouard Herriot mérite d' être compté parmi les écrivains de Champagne .

 Marcel Degois ( Libération Champagne du 8 juillet 1972)

* Suzanne Berard doit être sauf erreur de ma part la fille d'Edouard Herriot
* Alexandre Israël, 1868 -1937, homme politique radical, ministre d'Herriot,Sénateur et Député de l'Aube

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9 septembre 2008 2 09 /09 /septembre /2008 23:38

NON

Je vous propose ici le premier d'une série de cinq articles parus dans la  Depêche de Paris des 12, 13, 14, 15 septembre et 5 octobre 1945, regroupés dans un petit fascicule intitulé tout simplement NON. Herriot donne les arguments qui ont amené les radicaux à dire non aux deux questions posées par l'Ordonnance du 17 aout 1945 pour une nouvelle Constitution et en particulier sur la question de l'Assemblée unique se substituant aux deux chambres.
Les autres articles suivront dans les semaines qui viennent. (Cliquez pour obtenir le texte de la Constitution de 1946)

(Article du 12 septembre 1945.)
par Edouard HERRIOT

 I. - Les vrais responsables

Les radicaux et les radicaux-socialistes doivent aux Françaises et aux Français des explications sur les raisons qui les ont conduits à décider de répondre: non et non aux deux questions posées par l'ordonnance du 17 août 1945. Ils doivent dire, en particulier, pourquoi ils se sont prononcés contre l'Assemblée unique et pour le régime des deux chambres. Ce sont les explications que je me propose de fournir ici, en une série d'articles. Je n'invoquerai que des raisonnements et des faits. En dépit de certaines intransigeances, je pense qu'il est encore possible de discuter sur des principes qui commandent l'avenir du pays et de la République. J'accueillerai volontiers les objections. Je négligerai les insultes médiocres par quoi certains essayent de masquer la nullité de leurs programmes positifs.
Dans Le Populaire du 26 août, Léon Blum nous a traités sans ménagement. Nous sommes les vrais responsables; nous sommes coupables d'avoir provoqué un débat sur la question de la Constituante. « Je le dis franchement — ajoute le chef du parti socialiste — à mes amis radicaux. » On sait que nous avons dans la vie trois sortes d'amis : ceux qui nous aiment, ceux à qui nous sommes indifférents, ceux qui nous détestent. « Qui donc mettait en question, il y a seulement trois mois, le principe d'une constitution nouvelle et d'une Constituante? Qui donc pensait à la Constitution de 1875; qui donc en parlait?... Ce sont les chefs radicaux, Herriot tout le premier, qui ont ranimé une question que personne ne posait plus. » Ainsi le référendum aurait été le seul moyen de régler les difficultés par nous soulevées. Nous sommes responsables aussi de cela. Pour Léon Blum, il nous fallait accepter sans discussion l'Assemblée unique, rejeter « de vaines craintes ». C'est nous qui créons le danger du plébiscite, nous devions nous déclarer aveuglément partisans d'un système qui est — on nous le déclare et nous nous en doutions bien — l'œuvre du parti socialiste. Dans sa réponse du 4 septembre à Paul Bastid, Léon Blum parle à nouveau de notre « légèreté », de notre « imprudence ».

Et, d'abord, puisque l'on accuse de vouloir faire de la consultation électorale une opération pour ou contre le général de Gaulle, je veux faire, en mon nom propre, une déclaration liminaire. Je désire sincèrement voir le chef de la Libération transformer son gouvernement provisoire en un gouvernement stable. Contester mon affirmation, ce serait m'accuser d'une déloyauté qui n'a pas été, je l'espère, la marque essentielle de ma carrière politique. J'ai souvent attaqué; j'ai combattu Poincaré, dont je suis demeuré l'ami personnel, Caillaux, Tardieu, Doumergue. Toujours ouvertement et au péril de ma situation. Au reste, si le général de Gaulle nous interroge, c'est, sans doute, pour nous laisser la liberté d'une réponse qui pèsera longuement sur le sort du pays. Avons-nous encore le droit de choisir?

Pour moi (je ne me mets en cause que pour prendre ma responsabilité personnelle) j'ai toujours obéi à la même idée: défendre la République et les institutions parlementaires. Je pense que l'on peut améliorer le régime, compte tenu de l'expérience, sans nous lancer dans une aventure dont nul ne saurait prévoir l'issue. C'est la pensée qui m'animait lorsque s'est produit, le 9 juillet 1940, un incident important sur lequel je n'ai pu donner, au cours du procès Pétain, que de trop brèves explications. Laval venait me communiquer le texte, signé du jour même, qui devait être présenté le lendemain à l'Assemblée nationale. Ce texte, dont je possède un exemplaire et qui a, d'ailleurs, été publié par les journaux (voir, en particulier, Le Progrès de l’Allier du 10 juillet, édition spéciale) disait : « L'Assemblée nationale donne tous pouvoirs au gouvernement de la République, sous l'autorité et la signature du maréchal Pétain, à l'effet de promulguer par un ou plusieurs actes une nouvelle constitution de l'Etat français. Cette constitution sera ratifiée par les assemblées créées par elle. »

J'engageai d'abord la bataille sur le terme : promulguer. Sans succès. Mais je fus plus heureux lorsque je m'attaquai à la formule de ratification. J'étais aidé par une protestation que le sénateur Taurines avait rédigée avec un certain nombre de ses collègues. Après deux heures de discussion, j'obtins que la ratification ne pourrait être faite que par la nation. Je n'ai pas besoin d'insister longuement sur les conséquences de ce changement. Si la ratification d'une constitution avait pu dépendre des assemblées qu'elle aurait créées, il aurait suffi du moindre conseil national pour procéder à cette opération. Avec le texte modifié ce danger était écarté. Ceux-là mêmes qui soutiennent que les actes constitutionnels de Pétain étaient légitimes doivent convenir qu'ils n'ont jamais été ratifiés. La République n'a donc pas été détruite malgré le coup d'Etat et les parades de l'ex-maréchal.

Dès le 18 juin 1940, nous déclare aujourd'hui le général de Gaulle, il fut proclamé que la République était « à refaire ». Ce n'est pas ce que je trouve dans le manifeste qu'il a lancé de Brazzaville, le 27 octobre 1940. « L'organisme sis à Vichy est inconstitutionnel », affirmait-il. La déclaration organique complétant ce manifeste ajoutait que « la prétendue révision des lois constitutionnelles, annoncée par Vichy, n'était, en réalité, que la violation flagrante et répétée de la Constitution française »; que les actes de Vichy n'avaient aucune « réelle valeur constitutionnelle »; que le président de la République avait été dépouillé à tort de ses fonctions; que, suivant la loi de 1884, « la forme républicaine du gouvernement ne peut faire l'objet d'une proposition de révision ». Et, après avoir produit beaucoup d'autres arguments, la déclaration organique concluait par cette formule saisissante: « La Constitution demeure légalement en vigueur », et par cette phrase du général de Gaulle : « Nous accomplirons notre mission dans le respect des institutions de la France. »

A suivre

 

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7 septembre 2008 7 07 /09 /septembre /2008 17:46

 (Je vous propose ici un discours de Herriot non daté, mais à l'évidence post- référendum sur l'ordonnance du 17 aout 1945, discours qui avait été reproduit sous forme de tracts. Il y a quelques vérités qui paraissent encore contemporaines... Le document nous a été confié par Marianne Ory à l'occasion du Cinquantenaire de la Mort du Président)

Nous avions raison.

Quatre mois à peine après les élections générales, nous pouvons mesurer et apprécier leurs résultats. Au milieu de ce vertige qui entraînait le peuple français vers une prétendue nouveauté destinée à guérir tous nos maux, nous avons défendu la raison et le bon sens. On dénonçait « les vieux partis, les séquelles des régimes périmés ». On faisait un devoir aux Françaises et aux Français de voter OUI, OUI. Nous avons été écrasés; certains de nos amis n'ont même pas osé nous suivre. Les radicaux demeurés fidèles à la doctrine ont le droit aujourd'hui de se féliciter. Comme jadis, lorsque nous réclamions l'entente efficace avec la
Russie Soviétique dont la mise en œuvre aurait peut-être évité la guerre ; comme plus tard, lorsque nous nous sommes sacrifiés pour le paiement de la dette aux Etats-Unis que nous devons solliciter aujourd'hui, nous avons eu raison. Nous avons voulu servir le pays et non le flatter. L'événement ne confirme que trop la sagesse de notre attitude. Le citoyen le plus prévenu contre nous ne peut que s'en rendre compte.

Par le régime de l'Assemblée unique et du système prévu lors du référendum, on prétendait assurer la stabilité gouvernementale. Il y aurait de la cruauté à insister sur la faillite de ce programme. Le Général de Gaulle, que nous n'avons pas adulé hier, que nous ne voulons pas accabler aujourd'hui, est parti de lui-même, en affirmant, du reste, que le pays était sorti des difficultés essentielles. Un autre chef de Gouvernement est venu qui, avec courage d
'ailleurs, a déchiré le voile et nous a fait apercevoir, au moins en partie, notre situation réelle.

On discutait sur le point de savoir si l'Assemblée serait ou non souveraine. En fait, elle a abdiqué toute souveraineté. Elle a renoncé à la discussion budgétaire qui était son obligation essentielle. Elle a délégué à quelques personnes le soin de réduire les dépenses, non par la loi, mais par décret. Et les Partis, les Trois Grands, après s'être emparés de toutes les places, n'ont eu, n'ont encore d'autre préoccupation que celle de perpétuer leur prédominance et leurs privilèges. On ne nous a connus, nous radicaux, que le jour où il s'agissait de se décharger sur l'un des nôtres de la tâche la plus périlleuse, de celle que la majorité doit assumer sur son compte puisqu'elle a réclamé et obtenu le pouvoir.

Nous, nous n'avons fait aucune démagogie. Malgré les critiques, malgré les insultes dont nous accablent ceux qui, jadis, se réclamaient de la III° République et ne dédaignaient pas d'en recevoir des honneurs, nous avons voté pour les deux gouvernements de la IV°, les attendant à l'œuvre, nous acceptons les mesures qui nous paraissent utiles; nous refusons les autres. Rien, que l'on sache, rien, ni les sommations, ni les menaces, ne nous fera dévier de cette ligne.

Le Bilan de ces quatre mois, chacun peut le juger. On sait maintenant l'état de nos finances, l'ampleur du déficit budgétaire, l'accroissement continu de la circulation monétaire, les angoisses du Trésor, les menaces qui pèsent sur notre monnaie. Pour le ravitaillement, il est évident qu'il se heurte à de graves insuffisances. Ce qui est plus condamnable, c'est d'avoir, en pleine crise, pour des raisons électorales, pour duper le peuple, supprimé la carte de pain et, du même coup, anéanti toute l'organisation du marché du blé, ce qui nous livre aujourd'hui à l'anarchie, au hasard.


Que dire de nos libertés? On voit ce qu'est advenue la liberté de la presse, la liberté de discussion n'existe plus. Récemment, dans un Congrès auquel assistaient cinq ministres, j'ai voulu prendre la parole pour défendre une œuvre qui mérite la reconnaissance de tous les Français. On m'a refusé la parole. C'est que l'on veut non pas des NATIONALISATIONS, mais des ETATISATIONS avec un apport nouveau de fonctionnaires, largement appointés. La féodalité des bureaux nous opprime. En vérité, ce que nous connaissons maintenant, c'est le régime totalitaire. Confusion des pouvoirs du Chef de l'Etat avec ceux du Chef du Gouvernement; un programme à la fois national et socialiste; la notion du parti dominant celle de la souveraineté populaire : j'ai connu cela en Allemagne. Je n'en veux pas en France. Courage donc, radicaux et radicaux-socialistes. A l'œuvre pour libérer la République! A l'œuvre pour reconquérir nos anciennes libertés! Vous verrez revenir à vous les démocrates sincères, ceux qui n'ont été que trompés. Ne vous laissez pas intimider par les insultes.

                                                                     
                                                                                               Edouard Herriot
                                                                                               
(Extrait de la Dépêche Radicale)

NOUS AVONS EU DEJA RAISON
NOUS AURONS ENCORE RAISON


OUVRIERS - EMPLOYES - FONCTIONNAIRES - ARTISANS - COMMERCANTS - INDISTRIELS et vous tous CITOYENS qui voulez demeurer libres,

RAPPELEZ-VOUS...  CONSTATEZ.... REFLECHISSEZ...

                                                                    DEFENDEZ VOS DROITS
                                   en adhérant au PARTI RADICAL, LE PARTI DE LA LIBERTE.
                                               LE PARTI DE LA FRANCE et de la REPUBLIQUE

Les adhésions seront reçues : chez M. René PERRIN, vice président du Comité R.S.S. de Bagnolet, membre du Comité Exécutif, syndic du Conseil municipal de Bagnolet,10, rue des Pernelles, à Bagnolet

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28 août 2008 4 28 /08 /août /2008 01:34

M. Auguste PINTON est décédé le 22 août 1984. Le Préfet de Région, Monsieur Olivier PHILIP, lui avait rendu hommage en assistant personnellement à ses funérailles.

 

Fils de canuts lyonnais peu fortunés, Auguste PINTON avait obtenu le Brevet Supérieur qui lui avait permis d'être instituteur avec un premier poste à Charleville. Connu d'Edouard HERRIOT par ses parents, le Maire lui porta son intérêt et, pour lui permettre d'accéder à l'agrégation de Lettres, il créa en faculté un cours spécial de Latin qui lui permit d'obtenir un Certificat d'Etudes Littéraires, nécessaire à l'époque pour accéder au concours d'agrégation. Et c'est ainsi qu'agrégé de Lettres, il devint professeur d'Histoire et Géographie au Lycée Ampère, plusieurs années avant la guerre, époque où il fut élu, par ailleurs, Conseiller Municipal avec délégation.

Son action dans la Résistance est retracée dans quelques ouvrages mais il convient de rappeler que c'est lui qui fut chargé, par Yves FARGES, de rétablir la légalité républicaine à l'Hôtel de Ville. Aussi, avec ses collègues résistants, ils décidèrent d'appeler au fauteuil de Maire provisoire, Justin GODART, une personnalité de rassemblement. Mais, c'est Auguste PINTÓN qui, en. qualité de Premier Adjoint du Maire, un poste qu'il devait occuper jusqu'en 1953, rétablit le fonctionnement normal des services municipaux dans l'attente du retour du Président HERRIOT.

Les élections de 1953 avec scrutin proportionnel, panachage et vote préférentiel (dont le dépouillement dura quatre jours...) devaient bouleverser complètement les anciens équilibres de forces.

Auguste PINTON prit, alors, des responsabilités au Sénat où il devint Président de la Commission des Travaux Publics ce qui devait lui permettre d'accéder en 1956, dans le gouvernement MOLLET, à l'important portefeuille de Secrétaire d'Etat aux Travaux Publics et des Transports (il n'y avait que quelques ministres responsables des grands secteurs d'activités). Sa gestion boulevard Saint Germain fut remarquée et très appréciée de tous.

Son portefeuille et des manipulations aussi sombres que sournoises, dont certaines imputables à ses proches, lui barrèrent, en 1957, l'accès à la Mairie de Lyon.

Il n'en continua pas moins à contribuer, ou à tenter de contribuer activement au développement de l'agglomération lyonnaise.

Trop peu de personnes savent qu'alors qu'il était Ministre, il fit étudier une antenne ferroviaire "Tassin - zone de Brindas - Chaponost", en vue d'une urbanisation, pour une fois, rationnelle, de ce secteur. Ce projet fut stoppé pour des considérations locales.

Même échec pour la ZUP de Vernaison qui avait été, cependant, déclarée et un architecte particulièrement éminent choisi : Eugène BEAUDOIN, mais le projet fut détourné sur Les Minguettes.

Avec deux jeunes architectes et un pionnier de l'Europe, il tenta de mettre sur pied un projet sur la zone touristique de Miribel mais, pour celle-ci, les capitaux ne furent pas dégagés.

Par contre, au niveau de l'urbanisation lyonnaise, son succès fut incontestable, Président de la SACVL au décès du Président HERRIOT, il continua l'oeuvre que celui-ci avait lancée. Ainsi, entre 1954 et fin 1959, cinq mille logements sociaux furent construits ou mis en chantier. Il sut créer la Fédération Nationale des Sociétés d'Economie Mixte dont il fut le premier Président

Tous ces titres, de même que son action au Conseil de l'Europe, font d'Auguste PINTON une personnalité lyonnaise et nationale incontestable.

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26 août 2008 2 26 /08 /août /2008 21:35

Le Franc-Tireur et Le Coq enchaîné.
Sous l'Occupation, les maçons lyonnais ont participé activement à ces deux réseaux. Le premier est né d'une rencontre fortuite, le 4 novembre 1940, entre Auguste Pinton, conseiller radical-socialiste de Lyon, l'entrepreneur Antoine Avinin, de Jeune République, et l'avocat franc-maçon Camille Rolland. Il se réunissent avec Elie Péju au Café de la poste, diffusent des tracts et organisent des chahuts lors des projections de films de propagande allemands. Leur objectif : combattre Vichy et restaurer la République. Après l'arrivée de Jean Pierre Levy, le mouvement prend une autre dimension et  avec Eugène Claudius Petit, et celle de journalistes du Progrès, ils sortent en décembre 1941,  un journal portant le même nom que le réseau. Le journal porte la manchette " Mensuel dans la mesure du possible et par la grâce de la police du Maréchal ." En mars 1942, ils reconnaissent l'autorité du général de Gaulle et établissent une liaison avec Londres. Rolland, en compagnie de Fernand Lombard, comme lui avocat et maçon, participent à l'organisation de l'Armée secrète à Lyon.
Le Coq enchaîné, fondé en 1941 par un docteur socialiste, Jean Fousseret, accueille des dissidents du Franc-Tireur. Dans ce second réseau, les maçons sont plus nombreux. Sur les 10 membres de la direction, 6 sont inscrits dans des loges: Lucien Degoutte, d'Union et Liberté, Georges Dunoir, des Amis de la vérité, Henri Chevalier et Serge Boiron, de Droit et Devoir 439, Ferdinand Ribière, de Bienfaisance et Amitié, et Léonce Crabbe. Très vite, le groupe atteint 400 adhérents, issus principalement des milieux radicaux «herriotistes», socialistes et syndicalistes. Le point de ralliement est constitué par la brasserie du franc-maçon Antonin Jutard. Leurs activités vont du stockage des armes à l'organisation de relais pour les juifs vers la Suisse en passant par la réception des agents secrets du réseau anglais Buckmaster... Cet engagement suscite une grande admiration de la part de Jean Moulin, proche de la maçonnerie sans être lui-même inscrit en loge. Dans une lettre adressée à Charles de Gaulle, il souligne l'importance du mouvement et insiste sur la présence maçonnique. En 1943, le réseau opte pour de Gaulle au détriment de Giraud. Puis certains entrent dans les FFI, d'autres tombent dans les filets de la Gestapo. Et Le Coq enchaîné sombre dans l'oubli.

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Etienne DOLET

 

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