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18 juillet 2007 3 18 /07 /juillet /2007 10:31

Le temps des échéances électorales est maintenant révolu. Laissons à chacun le soin de faire ses propres analyses en fonctions de ses convictions et des ses engagements personnels. Maintenant au sortir de ces 3 mois de réserves nécessaires, il est temps que le Cercle Edouard Herriot reprenne son activité de lieu d'échange et de réflexion sur le monde contemporain. C'est pourquoi, nous vous proposons d'entamer, sur le 2° semestre 2007 un cycle de débats/conférences intitulé tout simplement :  «Histoire et avenir du Radicalisme»

« Un ministre Radical Valoisien numéro 2 du gouvernement, le président du Parti Radical de Gauche consulté pour la composition d'un gouvernement dit « d'ouverture »... Es ce cela le retour du Temps des Radicaux? Une réconciliation serait elle possible? Mais sur l'autel de quelle idéologie? Sur quel dogme? Sur quel champs politique? Et avec qui ? Les valeurs fondamentales du Radicalisme sont elles solubles dans l'UMP? Sont elles compatibles avec le Mo-Dem? Ou sont elle appelées à se fondre dans le socialisme? »
Pour commencer à défricher ses quelques interrogations, nous vous proposons :
un Repas Débat le Mardi 17 juillet à 20h au Café de la Terrasse à Lyon St Just. Yves Morel présentera le résultat de son travail sur l'histoire du Radicalisme. La participation au repas est fixée à 20 euros. Inscriptions impératives au 06 60 62 48 71( Nombre de places limitées)


Voici la contribution de notre ami Morel
  :

Des origines du Radicalisme

par Yves MOREL,

Le Radicalisme trouves ses origines lointaines dans l’effort de pensée occidentale de dissociation de la raison et du divin. Mais les vraies prémisses remontent à la dénonciation de la tyrannie par la Boétie, à la remise en cause de la monarchie absolue par Montaigne et, au milieu des Guerres de Religion, à l’appel à la tolérance, à la liberté de conscience et à la neutralité religieuse du pouvoir politique par Michel de l’Hospital, puis par le parti des Politiques au XVIème siècle. Le XVIIème siècle français devait donner le jour aux principes de la séparation des pouvoirs, de volonté générale et de souveraineté du peuple, d’égalité devant la loi ainsi que l’idée d’émancipation de l’homme [et de la femme] par le progrès de la connaissance, d’où devait sortir l’oeuvre législatrice de la Révolution. Au XIXème siècle, les Républicains ont annexé à la racine de leur pensée la morale kantienne fondée sur l’accès de l’acte au registre du devoir grâce à l’impératif catégorique non exclusif du libre arbitre, mais en l’expurgeant de ses références toutes luthériennes à la transcendance divine (Phénoménisme de Renouvier) et ont retenu l’idée d’un progrès de l’humanité, mais s’en tenant à l’optimisme continuiste et général de Condorcet et Saint-Simon, et en refusant l’aboutissement ultime et pré-totalitaire du positivisme comtien. Ils prirent l’épithète de « radical » (partisans de réformes fondamentales) après que les lois répressives de Thiers eussent prohibées l’étiquette de « républicains » (1835), puis, pour la même raison sous le Second Empire. Sous la IIème République (avec Ledru-Rollin) puis sous la IIIème (avec Clémenceau et Pelletan), le terme désigna les républicains avancés par opposition, à partir de 1879, aux opportunistes, modérés, comme Gambetta  ou Ferry.

Fidèles au programme de Belleville (1869), les Radicaux demandaient une politique sociale hardie, la démocratisation de l’enseignement secondaire, l’élection des magistrats, et dénonçaient la timidité des lois constitutionnelles de 1875 et l’expansion coloniale (contraire à l’humanisme colonial). Mais ils prirent une part décisive à l’adoption des lois sur les libertés de réunion, d’association et d’expression (1881-84), l’école gratuite, laïque et obligatoire, le divorce (1884) et adoptèrent le projet de société solidariste de Léon Bourgeois (1889). Réunis dans le Parti Républicain Radical et Radical-Socialiste au Congrès des 21-23 juin 1901, ils dirigèrent le gouvernement à plusieurs reprises durant la première moitié du XXème siècle et réalisèrent maintes réformes : le journée de 8 heures de travail, la création du ministère du Travail (1906), garantie du salaire des femmes et des retraites ouvrières (1907), création de l’impôt sur le revenu (1914), réforme de la condition pénitentiaire (1938)…

Mais durant leurs années d’opposition (1879-1902), ils eurent le tort de prétendre charger l’Etat du règlement de l’essentiel des problèmes sociaux (au contraire de Ferry et Gambetta qui privilégiaient les négociations entre employeurs et salariés) et instillèrent ainsi la surenchère démagogique, la politisation exacerbée des rapports sociaux, le recours permanent aux pouvoirs publics, le clientélisme et la multiplications des corporatismes. En outre, cet exemple fit le lit du parti socialiste SFIO qui finit par le dépasser en voix et en sièges de députés en 1936 et lui ravir la direction du Front populaire et du gouvernement. D’autre part, ils ne surent pas adapter leur programme à l’évolution de l’économie ni rénover les structures et les moyens de l’Etat et de l’administration auxquels ils assignaient des tâches essentielles (malgré les tentatives des « Jeunes Turcs » du parti au cours des années 30). Sur ce point, ils devaient être dépassés par les non-conformistes des années 30  (Dandieu, Mounier), puis par le MRP, les modernistes de la SFIO et les gaullistes, tous partisans d’une économie planifiée et d’une intervention judicieuse des pouvoirs publics. L’effondrement de la IIIème République, à laquelle ils s’étaient identifiés, leur part réduite dans la Résistance (malgré la présence d’un des leurs, Jean Moulin, à la tête du CNR), achevèrent de réduire leur audience, bien que l’instabilité de la IVème République leur permît de participer à tous les ministères, de diriger 10 des 20 gouvernements entre janvier 1947 et mai 1958. Divisé en une aile droite conservatrice et économiquement libérale (L. Martinaud-Déplat, A. Morice, Edgar Faure), un centre gestionnaire et opportuniste (Henri Queuille, A. Marie) et une gauche néojacobine (Pierre Mendès-France, Maurice Faure), le parti radical ne résista pas à la bipolarisation politique de la Vème République, et la tentative de Jean-Jacques Servan-Schreiber de la transformer en un parti moderne à la fois libéral, social, européen, décentralisateur, déconcerta les Français habitués à la dichotomie gauche anticapitaliste/droite conservatrice et provoqua la défection de l’aile gauche qui constitua le Mouvement des Radicaux de Gauche (janvier 1973) devenu en 1998 le Parti Radical de Gauche (PRG), devenu l’allié traditionnel du PS avec lequel il gouverna à plusieurs reprises. Le parti radical « valoisien », associé à la droite de 1978 à 2002 (UMP depuis cette date) gouverna avec elle dans le cadre  d’une politique plus conservatrice et libérale que centriste et réformiste. Aucun des deux partis radicaux n’a réussi à faire prévaloir son identité et ses idées au sein de la coalition à laquelle il appartenait. Pourtant, à une époque où la mondialisation du marché généralise la précarité es conditions de vie des salariés, et rend caduques les politiques traditionnelles interventionnistes et social-démocrates instituées dans une optique keynésienne en des temps de relative protection des économies nationales et d’adéquation approximative entre expansion capitaliste et développement du pouvoir d’achat et de protection sociale, les Radicaux, parce qu’ils ont toujours été humanistes et sans illusion sur la promesse d’une société socialiste, semblent à même de définir un projet, la constitution d’un espace social au sein duquel la solidarité ne serait plus mécanique, mais impliquerait l’engagement responsable et civique de tous les agents.

 

 

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Etienne DOLET

 

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